en arrivant au Japon, alors que je ne pouvais bénéficier
en tout et pour tout que d'une salle de remise en forme.
J'avais la chance de recevoir régulièrement par e-mail des programmes d'entrainement, mais le contexte un peu particulier
m'a obligée à adapter quelque peu certains principes : on oublie les longues sorties vélo en campagne, on esquive les séances
de fartlek en nature et on essaie de faire preuve d'imagination et surtout ... de MOTIVATION.
prend tout son sens. C'est la première chose que l'on ressent.
Car pour aller s'enfermer tous les jours dans une salle (certes très spacieuse, sympa, et très bien équipée) pour accumuler les heures
de transpiration, il faut en avoir envie ! On n'a même pas le bonheur de profiter du retour des beaux jours, d'apprécier le coin de nature où l'on aime allonger
sa foulée : tout est artificiel et il faut une bonne dose d'envie pour chausser les baskets.
Soyons objectifs, la salle de sport met à disposition tous les outils et équipements
nécessaires à l'entrainement : vélo de cardio training avec moniteurs proposant de multiples programmes, tapis de courses programmés également,
piscine de 25m, appareils de musculation, tapis ... Y'a pu k'a !
La principale difficulté que l'on rencontre dans ce contexte, c'est tout d'abord que
le vélo n'est pas adapté aux modèles
que l'on a dans le garage : la position est très différente, il n'y a pas de cale-pieds, sa selle est très inconfortable ... il faut un peu
de temps pour retrouver l'impression de vraiment "pédaler". Par ailleurs, il est assez délicat (à moins d'être vraiment hyperrr motivé !) d'aligner
plus d'1h30 de pédalage sans sombrer dans un ennui profond. Heureusement que ces modèles sont plutot bien équipés, et que les
ordinateurs de bord proposent des séances à thèmes assez bien pensées : en plus d'être efficaces, ils évitent la monotonie. On peut
à loisir opter pour une séance de "côtes", de fractionné, de résistance progressive ... on parviendrait presque à retrouver les
résultats d'une sortie "en nature", si l'on ajoute le fait que la totalité de la séance est consacrée au pédalage. Aucun risque
d'interruption en raison d'un feu rouge, des difficultés de circulation ... Heureusement car je me voyais mal simuler une sortie de 120 km !!
La course à pieds nécessite également beaucoup d'adaptation, principalement parce qu'il faut apprendre à courir sur un tapis, ce qui
n'est pas facile lorsqu'on en n'a pas l'habitude. Personnellement, certainement par peur de "m'étaler de tout mon long", j'ai été beaucoup destabilisée lors des premières séance
car la technique ne me semblait pas naturelle : j'ai donc dû beaucoup consacrer d'attention à la foulée, mais cet effort s'est estompé au fur et à mesure.
La course sur tapis est spécifique, de par plusieurs aspects : le ruban déroulant est très souple, et tend à rebondir lors de l'appui, ce qui
rend certainement la course moins traumatisante que sur du bitume ; la phase de propulsion est différente puisqu'on ne se projette
pas sur l'avant mais le tapis "s'esquive" sous nos pas, il semble que le fait d'ajouter une inclinaison d'1 degré
rende la course plus naturelle. Par ailleurs, sur une séance longue et soutenue, la difficulté réside également dans
l'automatisme du système : lorqu'on court à une allure de 10km/heure en nature, on ne court jamais véritablement "pile" à cette allure
parfois un peu au dessus, voire un peu en dessous en fonction du relief, de la sensation, de la foulée qui s'adapte selon
le feeling de l'instant. Avec le tapis, le coureur subit le rythme du ruban et doit soutenir une allure impeccablement
régulière, ce qui, à la longue est assez contraignant. Dernière chose : l'effort en salle fait beaucoup transpirer, et la
sensation de chaleur ainsi qu'une sudation exagérée peuvent rendre l'effort un peu plus pénible qu'en nature.
Heureusement, à travailler en salle, on découvre
plusieurs avantages : bénéficier, grâce aux appareils monitorés,
de programmes d'entrainements aussi variés que progressifs. Avec un peu de bon sens, on est à peu près sûr de ne pas faire d'erreurs.
Bien
que destabilisante au début, la course sur tapis s'avère être très formatrice pour travailler sa technique. L'idéal
étant de courir face à une vitre ou un miroir qui permet de corriger certains défauts : foulées trop bondissante, position des bras ...
On ne dirait pas mais ... ça aide !
Enfin le dernier avantage est primordial pour le triathlète : l'entrainement en salle permet surtout de travailler
les transitions avec une immense facilité : il n'y a rien de plus facile que de passer du vélo
au tapis de course, ou de la piscine au vélo. C'est ainsi qu'en adaptant les séances qui m'étaient envoyées, j'ai pu,
très tôt dans ma préparation,
concocter des semaines variées, allonger mes séances, et m'adapter progressivement à la diversification de l'effort, malgré l'apparente monotonie du contexte.
Et travailler ses transitions, pour un triathlète, cela vaut de l'or.
Alors un bilan ? Se préparer au triathlon en salle n'est pas un but en soi, et, c'est une évidence,
ne remplacera jamais un véritable programme d'entrainement avec des sorties variées en nature, au soleil, qui permettent de s'adapter
à tous les dénivelés, toutes les conditions météo, et permettent surtout de multiplier et varier les sorties. Toutefois,
si l'on n'a pas le choix, cette méthode alternative offre des spécificités intéressantes et permet de travailler de façon intelligente sans perdre son temps
dans la saison.
Parce que j'ai bénéficié de cette expérience en saison hivernale, je n'ai pas été tributaire des aléas météorologiques, cette méthode m'a personnellement permis de remettre le pied à l'étrier, de reprendre contact progressivement et en douceur avec les séances sportives sans me blesser, grâce à
des appareils évolutifs,
et a certainement contribué à ce que je retrouve la condition physique indispensable pour renouer avec la compétition.