Passion Triathlon - premiere experience au marathon de Paris
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J'me lance sur Marathon !



2008 : mon premier Marathon !

Le contexte : à l'origine, rien ne me prédestinait à me lancer sur la distance cette année. Autant mon premier semi-ironman en triathlon découlait d'une envie lointaine, autant je ne me voyais pas encore m'aligner sur un Marathon, non pas que la distance ne m'attirait pas, bien au contraire, mais surtout parce que je me laissais encore un peu de temps et de maturité avant de tenter le pari. Mes quelques expériences sur 20km et semi m'enchantaient déjà assez ...

C'était sans compter sur la malice de Renaud, qui s'était lancé sur la distance l'an dernier, et qui me titillait, me demandant de temps à autre si je voulais m'essayer sur la distance ... "Ca me tente, mais c'est encore un peu tôt, je me laisse le temps de réfléchir ..." Et lorsque je parle à Renaud de mon envie de participer au semi, celui-ci voit un peu plus loin que le bout de mon nez et m'inscrit par surprise au Marathon de Paris ...

Le souci, c'est que je suis du genre joueuse ... bien entendu, j'aurais pu décliner l'offre, revendre mon dossard et vaquer à mes occupations ... Oui mais bon, c'est un peu facile, ça !! Allez, j'ai un dossard qui me tombe du ciel, je vais donc l'honorer. J'apprends la nouvelle exactement 8 semaines avant le jour J. Il est donc temps d'éplucher avec sérieux la plupart des programmes d'entraînement, qui, justement sont souvent répartis sur 8 semaines. "L'est pas belle la vie ?".

Marathon de Paris 2008

La préparation : Le Semi, prévu à l'origine, sera donc un jalon de ma préparation. Bon justement, cette prépa se fera bon an mal an, en fonction des aléas d'horaires de boulot, cours du soir, et météo ! A l'issue du Semi, je passe pas loin de 15 jours à m'entrainer irrémédiablement sous la pluie, à tel point que je dois calmer le jeu suite à une trachéite attrapée certainement à cause de ces conditions pourries.

Comme d'habitude, je m'entraîne malheureusement seule, trop seule à mon avis pour avoir un bon lièvre qui me permettrait de progresser, mais je ne rechigne pas à la tâche malgré les conditions pas faciles : faut vraiment avoir une sacrée "carotte à l'arrivée" pour avoir envie de sortir lorsqu'il pleut et fait nuit.

Mais bon, je sais que la réussite du pari est au bout du chemin alors ... Niveau détail, je base mon programme sur un minimum de 3 sorties hebdos, une basée sur de l'endurance longue (2h-2h30 minimum de sortie souple), une basée sur de la VMA, et la dernière sur un rythme au seuil ( pas faciles celles-là !). Lorsque mon emploi du temps me le permet (et je fais tout pour) j'ajoute soit un peu de natation pour le plaisir (mon vélo est en train de prendre la poussière d'ailleurs !) soit un footing souple dans la semaine.

Bon, c'est pas tout, mais l'échéance approche. Plus la date s'approche, et plus mes doutes augmentent.
Niveau préparation, ça va même si le programme fut difficile à tenir ... Les sensations sont bonnes, le corps tient et le coeur aussi.
Le hic : j'ai un peu trop couru avec une paire de runnings qui ont vieilli avant que je m'en rende compte ; résultat une gêne aux genoux devenue quasimment systématique à chaque sortie ... ce n'est pas pour me rassurer ...


J-7 : le plus gros des séances est maintenant derrière, il est temps de lâcher un peu la bride et de "faire du jus" pour être frais le jour J. Mes soucis niveau genou commencent un peu à me travailler. D'ou vient la douleur ? Ménisques ? Ligaments ? Tendons ? J'avoue ne pas être totalement zen. Pour mettre toutes les chances de mon côté, je décide de sauter la dernière séance de la semaine pour économiser mes jambes.
J-2 : Petit passage par le médecin pour savoir vraiment ce qu'il en est ... Visiblement c'est une p'tite tendinite à chaque genou ... je m'attendais à une interdiction pure et dure du médecin ; il est moins radical que ce que je craignais, m'autorise à courir tout en me prévenant que je risquerais de ne pas pouvoir tenir les 42 bornes ... Inconvénient : je suis déçue et j'ai la crainte que mes entrainements sérieux ne mènent à rien. Avantage : j'aborde la course sans aucune pression ... En gros "on verra bien ..."

Marathon : on y est !


Dimanche matin, 06h00 le réveil me tire de ma torpeur. Je me glisse discrètement hors du lit pour peaufiner mes préparatifs, m'habiller, et avaler tranquillement mon Gatosport. Un coup d'oeil furtif par la fenêtre, le ciel est bas et sombre, mais la bonne nouvelle c'est qu'il ne pleut pas. Pourvu que la météo ne se déchaine pas ...

Charles de Gaulle Etoile : 07h30 : malgré l'heure matinale pour un dimanche, le lieu est déjà grouillant de coureurs qui s'affairent ici et là. Je retrouve Renaud, le complice qui est à l'origine de mon inscription. On échange quelques mots avant de s'approcher des tentes de consignes auxquelles nous confions nos sacs. Le fond de l'air est plus que frais : ça "pique" mes jambes et mes bras dénudés, heureusement que l'on est un peu protégés par le sac plastique fourni par l'organisateur. L'heure tourne, on s'approche très rapidement des sas de départ qui s'emplissent peu à peu.
Je suis assez zen, si ce n'est qu'un souci de taille embrume mon esprit : je dois impérativement passer aux toilettes avant le départ, mais ceux-ci sont pris d'assaut et je comprends au fur et à mesure que je n'aurai pas le temps d'y passer avant le départ ... j'avoue que ça rend mon attente un peu plus fébrile que d'ordinaire ... Comment aborder ma course ainsi, sans savoir quand je pourrai me soulager ??? Le décompte approche, la tension monte, on fait partie d'un joyeux groupe constitué de multitudes de banderoles colorées ... nous sommes survolés par des hélioptères vrombissants, chargés d'immortaliser l'événement : le spectacle doit être beau de la haut !

8h45 sonnantes : le départ est donné, je profite que la foule s'ébranle pour m'approcher d'un toilette dont la file d'attente a d'un coup été réduite ! Je préfère démarrer avec quelques minutes de retard mais ... l'esprit libre !! Je laisse filer Renaud qui prend le départ en même temps que les autres ; il me dit que je le rattraperais, j'avoue qu'à cet instant, je n'en suis pas si sure ...

Il est presque 09h00 lorsque je finis par passer le portique. J'ai enfin décidé de me débarrasser de mon sac plastique qui me tenait chaud dans cette ambiance frisquette. J'aurais un peu froid durant les premiers kilomètres, mais heureusement, je vais vite trouver ma température idéale. Je parcours le premier kiilo en un peu plus de 6', autant dire que je pars cool, il me faut le temps de m'échauffer dans la descente le long des Champs car à vrai dire nous avons quasimment zappé l'échauffement, tellement nous avons dû rejoindre les sas avant l'heure. Ce qui m'a le plus manqué, ce sont des étirements, notamment au niveau du psoas car en général cela finit par me faire souffrir, mais bon, on verra bien ...

Les premiers kilomètres défilent sans problème ; je m'attache à adopter une foulée économique et coulée afin de limiter les impacts de la course à chaque pas. Je n'ai pas vraiment d'objectif de timing en tête, mais cherche principalement à agir "sur la durée" car malgré tout, je tente tout pour finir, malgré mes petits soucis aux genoux.
Au bout de 5 km, je constate que j'ai un rythme facile et assez efficace, l'avantage d'être partie après le plus gros de la foule en raison de ma pause technique, c'est que j'ai tendance à remonter beaucoup de monde. Une gène au genou apparaît inexorablement, mais elle est n'est pas handicapante, et je sais que je peux continuer si j'en fais abstraction. Si elle n'empire pas, ce n'est pas elle qui me gênera.

Au 8e kilomètre, contre toute attente; je reconnais la casquette de Renaud : à vrai dire je ne pensais pas le rattraper et le recroiser le long du parcours ! Je remonte à sa hauteur, j'échange quelques mots avec lui, parcours quelques hectomètres à ses côtés et j'hésite : est-ce que je continue un moment avec lui, quitte à le déconcentrer et à modifier mon rythme ou est-ce que je continue ma route sur mon propre rythme, qui pour l'instant me convient bien ? Après un rapide clin d'oeil, j'opte pour la seconde solution : je reprends mon rythme de croisière, qui pour l'instant me convient très bien. Certes, dans l'absolu il n'est pas trop rapide, mais au vu de mes objectifs et du fait que je suis totalement néophyte sur la distance, je préfère assurer mes arrières.

Passage au 10e kilomètre : jusque là tout va bien. Mise à part la petite douleur qui me tient compagnie, RAS. Les ravitos passent bien, le coeur tient bon, les pieds aussi, l'estomac est bien accroché ... C'est une affaire qui roule !

Marathon de Paris 2008
15e kilomètre : tel un métronome j'aligne les kilomètres avec une régularité qui me surprend moi-même. Nous sommes dans le bois de Vincennes, je me sens toujours bien et je continue de remonter regulièrement les concurrents qui me précèdent. La tête va super bien et les jambes suivent.

Semi-marathon : j'entends par un autre concurrent que les premiers sont arrivés ... Damned ! Il nous reste encore un 2e semi à parcourir ! Ca fiche un coup au moral, mais on est encore nombreux à être dans le même bateau alors ... on continue !

25e kilomètre : jusque là tout va bien, plus les kilomètres passent et plus j'ai la certitude que j'arriverai au bout. Je ressens une douleur à l'aine en plus de celle du genou qui m'accompagne depuis maintenant plusieurs kilomètres, mais cela ne m'empêche pas de continuer. Je suis toujours solide dans ma tête, je parviens toujours à garder un rythme régulier depuis le début, j'ai largement assez de lucidité pour m'alimenter et m'hydrater correctement, malgré de brèves sensations de points de côté au sortir des ravitos l'estomac tient le coup. Tout est là pour que je continue sur la bonne voie.

A partir du 27e je sens que la fatigue va commencer à se faire sentir, le rythme est toujours régulier, mais je dois me concentrer davantage sur ma technique, qui doit être la plus économique possible. Je sais que la portion de long des quais va être longue : heureusement les spectateurs sont nombreux, et j'observe mes compagnons de route qui semblent être à la peine.

30e kilomètre : je profite du ravito au pied du Trocadéro pour bien récupérer. J'avale un peu de gel avec de l'eau. C'est le premier ravitaillement ou je décide vraiment de ralentir, prendre le temps de m'hydrater et m'alimenter tranquillement, et laisser un peu de temps à mes jambes pour récupérer. A vrai dire, je réalise qu'au fil des kilomètres de nouvelles douleurs s'installent incidieusement ... les pieds s'échauffent peu à peu et rendent ma foulée moins sure, les muscles sont plus douloureux et moins toniques ... l'usure se fait sentir ! "Plus que 12 km !" Voilà ce que j'ai en tête lorsque je quitte la table du ravito au petit trot. J'ai la certitude que je terminerais ; car même si le pas est moins sûr, le rythme est régulier, je n'ai pas besoin de m'arrêter entre les pauses ravito, je n'ai donc aucun doute sur ma présence sur la ligne d'arrivée.

35e kilomètre : allez j'avoue, je commence un peu à serrer les dents ! Mon rythme est légèrement ralenti, je me concentre sur ma technique, sans laisser divaguer mes pensées, certes c'est difficile, mais pas insurmontable ! J'échange quelques mots d'encouragement avec un compagnon de galère qui avance au même rythme que moi, puis je continue mon chemin.

J'observe mes compagnons de route et réalise que les organismes autour de moi sont bien entamés aussi ! La preuve : je continue à dépasser pas mal de monde avec mon petit rythme de croisière ! Là encore je profite judicieusement du ravito, et je réalise que c'est l'avant dernier ! J'y suis presque !
On approche progressivement de Boulogne, dernière étape avant la délivrance. Je serre toujours les dents, cette fois, c'est une douleur dans le haut de la cuisse qui m'entame, ça devient dur ! Qu'importe, je maintiens la cadence et je me promets de ne pas m'arrêter avant le dernier ravitaillement. Je n'ai plus qu'une obsession : avancer, avancer encore et toujours, on y est presque de toutes façons !

Plusieurs détours dans le Bois de Boulogne nous amènent très progressivement vers le 40e kilomètre et son ultime ravitaillement ... Ouf !! Une dernière fois, j'en profite pour récupérer, finir mon gel avant de repartir pour les 2 derniers km qui me séparent de l'avenue Foch. Les mètres défilent peu à peu, douloureusement mais sereinement.
Au 41e environ, je recroise avec surprise le gars avec qui j'avais discuté au 35e ... on s'encourage et on cale notre rythme de course l'un et l'autre. Tacitement, nous décidons de nous encourager jusqu'à la fin du parcours en échangeant quelques mots d'encouragement, d'un coup, les derniers hectomètres semblent passer plus vite ! On passe la porte Dauphine, il ne reste que quelques centaines de mètres : "Allez ne lâche pas" ! Le portique est là, à portée de main ! J'encourage mon compagnon de route à allonger la foulée pour finir en beauté ... un dernier effort et ...

CA Y EST !! Les 42,195 km ont été avalés !

Ravis et sereins on se congratule mutuellement ... Le chrono passe en second plan, je suis heureuse d'avoir terminé, moi qui n'étais vraiment pas sure de pouvoir tenir à cause de mes genoux, j'ai finalement "bouclé la boucle" avec une relative sérénité, je ne dirais pas "facilité" mais ... finalement je me rends compte que je n'ai jamais douté, jamais regretté, et ça, pour une première c'est plutot bon signe !!

Maintenant que la pression retombe et que je me remets à marcher, je réalise à quel point mes jambes ont maintenant du mal à me faire avancer !! C'est d'un pas indécis que je m'approche des barrières pour m'étirer, puis que je rejoins les tentes pour récupérer mes affaires. Le trajet jusqu'au RER est laborieux, et c'est amusant d'observer les autres valeureux coureurs, médaille autour du cou, se tenir à la rampe et descendant une à une les marches d'escaliers ! Je ne fais pas beaucoup mieux ...

Ce que je retiens de cette première expérience

En fait, je crois que je ne réalise pas vraiment "l'exploit", dans le sens ou jusque là, je ne m'assimilais pas à ce genre de distance. Et puis, pour répondre aux personnes qui me disent "ouah, 42 km, je sais pas comment tu fais !" je réalise que si cette distance ne m'a pas semblé insurmontable, c'est parce que tout le long du parcours je n'ai pas songé à l'ensemble des 42 km qui m'attendaient, mais j'ai "saucissoné" la course en sections de 5 km, autant dire par sections entre chaque ravito. Tout le long de la course, j'ai avancé en pensant au prochain ravito ...

Et là, tout devient beaucoup plus facile et accessible ! 5 km, pour un coureur habitué, qu'est-ce que c'est ? Pas grand chose ! Donc en suivant l'adage "pour marcher il suffit de mettre un pied devant l'autre puis de recommencer" ... bah pour courir un marathon, il suffit de faire 8 sections de 5 km et c'est dans la poche !!

Plus sérieusement, avec un peu de recul, je suis plutôt satisfaite du déroulement, et je me surprends moi-même de constater que je mûris et je deviens "costaude" dans ma tête.
Je n'ai jamais été aussi zen que sur mon premier semi-ironman, et je constate que je n'ai jamais douté la moindre seconde sur le Parcours du Marathon de Paris. Et ça c'est cool. C'est peut-être bête, mais c'est cool de constater que je peux compter sur moi, sans flancher malgré la douleur.
Je vois aussi que mon expérience en triathlon et en course à pieds me rend plutôt service : il m'a suffi d'un entrainement régulier pour boucler la distance sans de réelles difficultés : pas de blessures anormales, pas d'ampoules, de brûlures occasionnées par des frottements gênants, pas de maux d'estomac ...

Mieux encore, j'ai eu la bonne surprise de constater que seulement un peu plus de 24 heures m'ont suffi pour retrouver l'usage "normal" de mes jambes : les muscles se sont bien remis, restait juste à mes articulations de retrouver la même voie. J'avoue que je craignais devoir marcher comme un cowboy un peu plus longtemps ... Je réalise que ma fatigue, bien que très présente à l'arrivée était toute relative, et me laisse présager une petite marge de progession pour la prochaine fois ...

"La prochaine fois" ? Oui, j'espère bien qu'il y aura "une prochaine fois", histoire quand même de passer sous la barre symbolique des 4h quand même ! Maintenant que je sais qu'il m'est possible de couvrir la distance sans trop de bobos, j'ai bien envie de me mettre un peu plus la pression !

Ce que vous pouvez retenir de mon expérience

Loin de moi l'idée de représenter une "référence", mais tout simplement dire que pour le sportif régulier et sérieux, le marathon est loin d'être inaccessible.

Certes, mon expérience en triathlon m'a forcément beaucoup aidée, mais au vu de ma préparation, régulière mais pas himalayesque, je réalise qu'une bonne hygiène de vie couplée à un entrainement régulier peuvent rendre l'aventure tout à fait accessible !

Bien entendu, je vous déconseille quand même de vous lancer sans avoir eu d'expérience sportive préalable ; mais j'encouragerai ceux et celles qui ont déjà une petite expérience du semi de tenter l'aventure : ce n'est que du bonheur !


Le site officiel

Lien :

Quelques conseils pour la première course