J'me lance sur le long !!!
Ou comment j'ai vécu mon premier "MD"
Cela faisait donc longtemps que l'idée me trottait en tête : pour moi, faire du Triathlon sur Courte Distance c'est sympa mais ... Il me tardait de passer à la vitesse supérieure : me rapprocher de ce qui, à mes yeux, représente l'essence même du Triple Effort : LE LONG ! Pour moi, le long, ça commence avec les distances officielles du MD : 3km de natation, 80km de vélo, 20km à pieds. Autant dire que par rapport à d'habitude, je double la mise.
A la rentrée de la saison 2006-2007, je lance le sujet sur le tapis lors d'une soirée "entre filles". Au premier abord, mes coéquipières ne sont pas très chaudes. Tant pis. Si les conditions sont favorables, j'opterai seule pour un long en fin de saison, histoire de profiter de la période estivale pour donner un coup de boost à ma prépa. Le "coup de boost", ce sont Emilie et Nath' qui me l'ont donné, en me proposant l'idée folle de nous lancer sur le MD de la Ciotat en octobre. Cela tombe à pic, car la question du "long" avait un peu pris la poussière. Plus question de changer d'avis. La tentative sur le "long" aurait lieu cette année, ou ne serait pas !!!
Nous sommes fin juin, la course est planifiée pour début octobre. Cela laisse tout à fait le temps d'adapter la préparation, et l'ajuster aux spécifités du long. Les vacances estivales seront studieuses : course, sorties vélo qui s'allongent, séances en mer pour s'habituer à la nage en eaux naturelles ... A la rentrée je ne relâche pas la pression ... L'envie est intacte, elle grandit même !! Lors de chaque séance, je me projette dans cette course qui me parait à la fois loin et proche. Les semaines s'égrènent, les jours passent. Les sensations sont bonnes, l'envie est présente, et ça, c'est important !!! Je crois que jamais je n'ai été aussi présente aux entrainements que je m'imposais : rares ont été les "prétextes" pour rater une séance. Je me donne tous les moyens de réussir. Pas envie de passer à côté de ma course !!
Progressivement, la pression monte un peu, surtout alimentée par ma crainte de ne pas être à la hauteur en natation. Je m'accroche sans relâche, les entrainements en bassin se passent bien, je sais au fond de moi que j'ai la ressource pour finir les 3000m sans encombre, mais je crois que je me mets surtout la pression en m'imaginant sortir de l'eau en fin de paquet !
Nous sommes à quelques jours du Jour J : je suis dans les temps, bien dans ma tête et dans mes baskets. Petit incident de parcours : un coup de froid, un gros rhume, des ganglions, à une semaine de la course !! Je flippe un peu, fais tout mon possible pour ques les effets du coup de fatigue soient les plus légers possibles et n'entravent pas trop ma confiance ... Heureusement, plus l'échéance approche et plus les choses reprennent leur cours normal.
J-2 : Programme : dernière séance nat' en mer histoire de se réhabituer aux vagues, au courant, à la combi ... Je me fais plaisir (la question n'est pas là ...) mais j'ai vraiment l'impression de patauger et de ne pas avancer s'il y a du courant ... Trop tard pour flipper. On verra bien dans 2 jours.
Curieusement, plus l'échéance approche, et plus je suis zen. Paradoxalement, je me sens plus confiante qu'à la veille d'un CD ... Je suis certaine de ma réussite, certainement parce que je me sens bien dans ma tête, bien préparée ... je pense n'avoir rien laissé au hasard ... Cette première tentative devrait se solder par un bon dénouement !!! J'ai hâte d'y être ...
Jour J : lever aux aurores, bien avant le soleil. Malgré mon apparente décontraction, mon estomac fait grise mine et le Gatosport a du mal à passer. Je me force un peu, sans plus. Je verrai si ça passe mieux plus tard.
6h30 : départ pour la Ciotat. Il fait encore nuit noire ... Arrivée vers 07h sur place, le ciel s'éclaircit peu à peu ; en nous approchant du site, on sent la vie grouiller de plus en plus, les athlètes se sont tous donnés rendez-vous ! Chacun fait ses ultimes préparatifs, avant de s'engouffrer pour le tatouage, la vérification du matériel, et de trouver sa place dans le parc. Mais ce n'est pas le moment de se perdre dans ses pensées : nous sommes tenus par l'horaire des navettes qui nous amènent à l'Ile Verte.
D'un geste presque devenu machinal, j'organise mes affaires sur l'emplacement : chaussures, chaussettes, ravito sur le vélo ... tout à l'air OK.
08h10 : Embarcation pour l'Ile Verte. La bonne nouvelle c'est que la journée s'annonce radieuse, et surtout pas un souffle de vent ! Devant nous s'étend une mer d'huile. Nous arrivons sur l'Ile et nous découvrons la petite crique d'où nous partirons : elle est ultra étroite, et ça promet une belle foire d'empoigne lorsque les 500 nageurs prendront le départ !! Je croise Philippe, je suis heureuse de le retrouver là, car c'est la première course que nous partageons ensemble, et notre première tentative de long ... C'est cool. On s'encourage, et on se donne RDV à l'arrivée ... Reste à savoir qui attendra l'autre !!
L'heure tourne et le temps passe vite ... L'heure du départ arrive progressivement et déjà il est temps d'ajuster la combi avant d'aller s'échauffer dans l'eau. Chacun revêt le bonnet et les lunettes, et à partir de ce moment je perdrai contact avec les personnes que je connais. Me voilà donc seule avec moi-même.
08h45 : Premiers mouvements de bras : l'eau est bonne, super claire, propice à une bonne séance de nat'. Je reviens sur le bord, dans l'attente du départ. Tout le monde se rassemble, la tension monte d'un cran, c'est presque palpable !! De mon côté, je suis déjà dans ma course, mais curieusement je me sens beaucoup moins stressée que lorsque je prends le départ d'un CD ! Je ne parviens pas à comprendre pourquoi je gère aussi bien ce départ. J'avoue que cette sérénité surprenante m'échappe ! Plus que quelques secondes, je vérifie l'ajustement de mes lunettes pour m'assurer qu'elles ne fuiront pas ... Et j'attends ...
09h01 : Le coup du départ retentit, on se lance !! Je prends place dans le dernier 1/3 du paquet dans l'espoir de trouver rapidement un rythme au milieu d'un groupe qui ne me mangera pas toute crue !!!
La Natation
... m'apportera une grande satisfaction : simplement parce qu'elle se déroule bien mieux que ce que je craignais ! Le trajet est régulièrement borné par des bouées espacées de 500m environ. Cela nous permet de rallier facilement le rivage sans trop louvoyer, et surtout d'évaluer notre progression.
Heureusement pour moi, le départ se passera plutôt bien : malgré l'étroitesse de la crique je ne souffrirai pas trop de coups assénés par mes compagnons de route. Très vite je trouve mon rythme. Contrairement à d'habitude, je ne me sens pas trop éprouvée sur les premiers mètres. J'suis trop bien ! Je lève rapidement la tête pour voir que je suis bien dans le flot : toujours dans les 2 premiers 1/3 du paquet ce qui veut dire que je n'ai pas concédé trop de places au départ.
Commence alors la traversée des 3000m. J'imaginais un parcours long, lent, pénible, interminalbe ... il n'en fut rien ! J'irai jusqu'à dire que j'y ai pris du plaisir ! L'eau claire, le parcours bien balisé, des nageurs au niveau homogène ... Je travaille ma technique ... Je nage presque "tranquille" : ma stratégie, c'est de ne pas trop m'épuiser sur la nat', de crainte de monter sur le vélo trop entamée. Avec du recul, je pense qu'en natation j'aurais pu faire mieux, mais je préfère assurer ! Je passe une grande partie du trajet côte à côte avec un triathlète dont le niveau est sensiblement équivalent au mien. Je l'observe et calque mon rythme sur le sien. Nickel. D'un autre oeil j'observe les bouées de signalisation : c'est agréable de voir qu'on avance progressivement ... dès que j'en passe une, je vise la suivante, et le trajet parait beaucoup moins monotone.
Je finis par reconnaitre la dernière bouée qu'il faut contourner pour rejoindre la plage : "déjà !" ai-je presque envie de dire, tant le temps m'a semblé beaucoup plus court que ce que j'aurais imaginé. Je constate que je suis toujours dans un petit groupe et qu'il y a encore du monde derrière moi : ainsi, l'objectif "nat'" est rempli : je ne finis pas parmi les derniers !! Je rejoins la plage, et entame ma transition. Je prends le temps de reprendre mon souffle, d'enlever le haut de la combi et je ne me précipite pas pour éviter les vertiges dont je suis souvent victime. Transition sereine, je préfère prendre mon temps pour attaquer le vélo dans de bonnes conditions.