La Triumph Daytona 675
Triple ... dose de plaisir !
Postulat : il arrive un moment où l'on progresse, où sa fidèle monture commence à accumuler les kilomètres ... bref, où l'on se surprend à vouloir changer de monture. Et là ... viennent les interrogations : que prendre pour remplacer celle qui dort dans mon garage ? Cette question, je me la suis posée. Et jusqu'à récemment, je n'avais pas de réponse vraiment convaincante, et pour cause :
- Je me suis accoutumée à la position sportive, donc les roadsters et les trails ... bof.
- Mon style de conduite ne s'accomode pas véritablement du rugissements "haut dans les tours" des 4 cylindres
- Mon gabarit ne me permet pas de piloter n'importe quelle moto (maniabilité oblige ...)
Donc ... il me faut une petite sportive, et idéalement pas trop pointue pour une conduite polyvalente ... autant dire qu'au niveau des possibilités ... il n'y a pas vraiment foule ... Seule peut-être la GSX-R 750 pourrait m'intéresser ; c'est certes un 4 pattes, mais moins pointu que le 600 avec un peu plus de couple ... Bref ...
Jusqu'au jour où ... j'entends parler de la petite dernière de chez Triumph : un petit gabarit dôté d'un 3 cylindres pêchu, et d'une partie cycle visiblement attractif et joueur : le concept me plait, c'est exactement ce qu'il me faut ! Une moto menue, un moteur généreux qui bénéficie des qualités du bi-cylindres et du 4 pattes, une bouille originale, assez de quoi attirer mon attention ...
Septembre 2005, je fais connaissance avec la bête lors du Mondial de la Moto à Paris : le coup de foudre n'est pas loin ! Ses dimensions me séduisent tout autant que sa ligne que je trouve fort réussie (surtout dans sa robe grise) ... Je parviens à me glisser dans la foule pour j'enjamber la machine : pas de doute, Triumph a bien créé une sportive pur jus, la position de conduite est radicale ! Il ne restera plus qu'à patienter quelques mois encore pour tester la "Dayto" en vrai, lorsqu'elle débarquera chez les concessionnaires !
Mai 2006 : L'ESSAI ! Rendez-vous est pris chez le concessionaire, les conditions seront idéales pour cettre première rencontre : la météo est au mieux, ma forme aussi ! Quant aux conditions d'essai, elles seront intéressantes. Un peu de ville, un soupçon d'autoroute, et bien entendu, une bonne dose de virolos pour faire plus ample connaissance. La moto d'essai qui me sera fournie n'en est pas à ses premiers tours de roues. Le concessionnaire a déjà largement éprouvé la mécanique sur circuit, il faut donc noter que la première fois que j'ai vu le fameux triple, il était préparé pour tourner "off-road" : débridé, rétros et plaque minéralogique ôtés, échappement Nikko, et multiples accessoires carbones ... Y'a pas à dire, elle en jette ! C'est évidemment une version plus sage que je retrouverai ; les rétros sont à nouveau à leur place, la plaque aussi, et heu ... le moteur est à nouveau aux normes ... il faut bien !
Premier contact : une fois faites les ultimes vérifications, je monte en selle. Ma sensation se confirme, je prends place sur une vraie sportive, et sur un petit gabarit qui plus est ! La moto est tellement profilée qu'on a l'impression d'être assis sur une crêpe ! La hauteur de selle est légèrement supérieure à celle de la SVS, je me retrouve un peu plus sur la pointe des pieds. Le plus destabilisant c'est de sentir un réservoir très plat entre les jambes, beaucoup moins proéminent que celui de la Suz' qui remonte beaucoup plus au niveau du ventre. La sensation est la même avec la bulle, ultra plate. Les jambes sont assez repliées, mais pas de façon éxagérée.
Au démarrage, le son envoûtant du Triple séduit les oreilles, une belle symphonie "sifflante" mise en valeur par le pot Nikko, on est impatient de faire vibrer tout ça !
C'est parti ! Assez curieusement, aux premiers tours de roues, je ne me sens pas immédiatement à l'aise, comme sur d'autres motos : je cherche un peu les commodos, je prends de multiples précautions à l'arrêt en raison de la hauteur de selle ... Bref, le contact n'est pas immédiat. Je prends un tout petit bout d'autoroute qui me ménera à une route viroleuse : la circulation est dense, je suis obligée de faire de l'interfile. Premier freinage : WOUAHOU! Je me retrouve le nez dans la bulle ! J'avais entendu parler du freinage redoutable de la petite Triple ... Ca se confirme ! Pour le reste, j'ai à peine le temps d'apprécier la reprise de son moteur, que je dois sortir de l'autoroute, direction quelques petits virages ... Déjà je me sens plus à l'aise, j'ai trouvé ma position ... je suis d'attaque pour la montée !
C'est dans cet enchainement de courbes que je fais plus ample connaissance : ça y est, je suis totalement à l'aise, comme si j'avais toujours connu cette machine qui semble taillée pour moi : gabarit fluet, facile à emmener ... c'est parti ! Elle répond au doigt et à l'oeil et semble être menée dans un rail : elle est nette, rigide, précise ... Un régal. Une fois encore le freinage se montre à la hauteur. Je me surprends à titiller la bête, je sors plus franchement en courbe, les accélérations sont franches, le son émis par la bête ... fort sympathique !! C'est avec "la banane" que j'atteinds le premier village, ou je devrai déjà faire demi-tour. Je profite d'une petite pause pour un premier bilan : ma petite retenue des premiers instants c'est estompée presque instantanément lorsque j'ai emprunté la route sinueuse. Enfin nous ne faisions plus "qu'une", elle était sur son terrain de prédilection, et je ne demandais que ça !

Le retour sera à la hauteur de l'aller, avec un peu plus de franchise de ma part, histoire de voir vraiment ce qu'elle a dans le ventre : je trouverai mes limites bien avant elle ! Retour par l'autoroute, ou une fois de plus elle me prouve qu'elle a du coffre ... Dois-je préciser que ce bonheur intense est accompagné de la mélodie envoûtante du trois cylindres ? C'est vrai. Elle a vraiment une très belle voix, cette Daytona, surtout quand on lui demande un peu de pousser la chansonnette ...
Me voilà à nouveau devant le concessionnaire ... C'est tellement bon que c'est trop court ! C'est à regret que je rends la belle ainsi que ses clés ... Il est l'heure de faire un petit bilan.
Verdict ? En tout premier lieu, une chose se confirme : c'est une sportive !! Radicale ; par sa position de conduite, son comportement, son mordant, son fameux moteur débordant de générosité ... On critiquait sa position trop sur l'avant ... il est vrai qu'on a l'impression d'avoir le nez sur la roue avant ... il est vrai aussi qu'en ville c'est certainement un calvaire à la longue, mais sincèrement, cette position radicale ne me choque pas, et n'a pas été douloureuse. En roulant "franchement" j'ai naturellement trouvé une position idéale, bien calée entre le fond de la selle et le réservoir fluet qui permet de se positionner facilement en courbe, donc ce point n'est pas rédibitoire pour moi. Mon gabarit "passe partout" y est peut-être pour quelque chose ...
Au rayon des quelques défauts (en 40mn d'essai c'est forcément "à première vue") : des rétroviseurs qui vibrent beaucoup plus que sur ma SV ; c'est un peu fatiguant ! Une autre chose qui relève du détail mais qui est fort dommage : l'horloge numérique est énorme (et franchement je ne regarde pas l'heure toutes les 5mn), alors que le compteur de vitesse se fait beaucoup plus discret : question de praticité, j'aurais aimé l'inverse !
Malgré tout, vous l'aurez compris, j'ai trouvé cette anglaise trèèèèèèès attachante, pleine de bouillon, originale, avec un regard craquant, avec ses 2 petites paupières ...
De là à me dire qu'elle va se trouver bientot dans mon garage ... la passion dirait "c'est où qu'on signe pour la version 'graphite' ?" ... La raison me dit, une sportive pour la ville et le trajet domicile-travail est-ce bien raisonnable ? Certes ... C'est un peu comme mettre un lion en cage. De toutes façons, dans l'immédiat, mon banquier ne sera pas d'accord.
Tout arrive à point pour qui sait attendre !
Les caractéristiques techniques de la Daytona 675
Merci à Don_Rico pour le cliché